Question: Certains disent: "Il n'est pas permis de suivre un savant, une école juridique (madhab) sans savoir sa preuve." Une personne ignorante, que peut-elle comprendre des preuves? REPONSE Mouhammed Hadimi, le savant islamique déclare: Les quatre preuves [sources] dans la religion sont pour les mujtahid. La preuve, pour nous, est le jugement de notre madhab (école juridique); car, nous, nous ne pouvons pas extraire des jugements du Coran et des hadiths. Même si un jugement d'une école juridique semble contraire à un ayat (verset du Coran) et à un hadith (parole de notre Prophète), il n'est pas faux, car ce verset du Coran et ce hadith doivent peut-être être expliqués, comparés, analysés (ijtihad), ou ils peuvent être changés avec un autre ayat ou avec un autre hadith ou il se peut que cela ait une autre explication que nous ne connaissons pas. (Bérika p. 96) [Mujtahid: Grand savant islamique, capable d'extraire des jugements du Coran et des hadiths.]
Comme nous devons avoir la foi et confirmer, l'ensemble des choses que le Messager d'Allah a déclaré, même si nous ne comprenons pas leur sagesse, leur preuve, nous devons aussi avoir la foi et confirmer les connaissances qui viennent des imams de nos écoles juridiques (madhab), même si nous ne comprenons pas leurs preuves.
Tabiin [la génération venue après les compagnons de notre Prophète, c'est-à-dire les musulmans qui n'ont pas vu notre Prophète mais qui ont vu Ses compagnons] imitaient l'Ashab-i Kiram [compagnons de notre Prophète], ils ne demandaient jamais de preuves. Est l'ordre de la religion, pour celui qui ne connait pas une chose, de demander à celui qui la connait. La signification d'un verset du Coran: (Si vous ne connaissez pas, demandez aux gens du rappel -dhikr-.) [Sourate Nahl 43]
Lorsque certains compagnons de Notre Cher Prophète étaient en voyage, un caillou est tombé sur la tête d'un compagnon et lui a cassé l'os en fendant sa tête. Par après, cette personne a fait des rêves où il a vu qu'elle a eu des relations sexuelles (c'est-à-dire le sperme a éjaculé). Il a demandé à ses amis: (Puis-je faire le tayammum [l'ablution avec de la terre propre] au lieu de pratiquer le ghousl [la grande ablution: se laver tout le corps]?). Ces derniers ont répondu: (Non, tant qu'il y a de l'eau, il n'est pas permis de faire de tayammum.) Et quand cette personne a pratiqué le ghousl, elle est décédée. Quand on a raconté ce fait au Messager, Il a déclaré: (S'ils ne connaissaient pas ce sujet, qu'ils eûssent le demander; le remède de l'ignorance est de demander, il serait suffisant, pour la personne en question, de pratiquer le tayammum. Et il pouvait mettre un bout de torchon sur sa blessure et ainsi la masser et se laver les autres parties du corps.) [Abou Davud]
Aussi bien ce hadith que le verset (ayat) du Coran cité ci-dessus ordonnent de demander à ceux qui connaissent, de se soumettre à ces personnes. La signification d'un ayat est: (S'ils demandaient le jugement de ceci au Prophète et à ulul-emr, ils l'apprendraient.) [Sourate Nissa 83]
Et les significations de trois hadiths sont: (Ulul-emr sont les savants en jurisprudence islamique -fiqh-). [Darimi]
(Soumettez-vous aux savants!) [Deylemi]
(Apprenez, ce que vous ne connaissez pas, en demandant aux savants pieux!) [Tabarani]
Question: Nous suivons l'école (madhab) Hanéfite. Si nous voyons un jugement de l'école Hanéfite contraire à un hadith, que devons-nous faire? REPONSE Dans les livres islamiques, on dit: S'il y a un jugement [dans une madhab (école juridique)] contraire à un hadith, on applique le jugement du hadith. Mais, cette parole est valable en théorique. Les imams des madhab (école juridique) ne disent pas de paroles contraires aux hadiths. Eux, ils sont des savants. Ils ne parlent pas à tort et à travers. Par exemple, il est dit dans un hadith: (Il n'est pas de salat -namaz, prière rituelle- sans [réciter la sourate] Fatiha [c'est-à-dire la salat sans la Fatiha n'est pas valide]). Or, dans l'apparence, les savants de l'école Hanéfite, interdisent de réciter la Fatiha derrière l'imam lorsqu'on pratique la salat en commun, ce qui semble contraire au hadith qu'on vient de citer. Ils disent que réciter la Fatiha, pour le djemaat [les personnes soumises à l'imam pour la salat en commun] est tahrimen makrouh (interdit), ce qui est de proche de haram (strictement interdit). Maintenant, nous, parce que nous allons appliquer le jugement du hadith, n'accepterons-nous pas la comparaison (ijtihad) d'Imam Azam [le fondateur de l'école Hanéfite, grand mujtahid]? Alors, nous serons devenus des déviés, des personnes qui ne suivent pas une école juridique (madhab).
Imam Rabbani (1563-1624, Inde), grand savant islamique, déclare: "Dans la salat (namaz, prière rituelle), la récitation du Coran (qiraat) est obligatoire, et dans un hadith (Il n'est pas de salat sans [réciter la sourate] Fatiha) est-il déclaré. Je n'ai pas pu vraiment comprendre pourquoi les savants Hanéfites ont décidé à kiraat-i hukmi [le fait que seul l'imam récite le Coran et que le djémaat se taise] au lieu de kiraat-i hakiki [le fait que tout le monde récite le Coran].
Je n'ai pas trouvé une preuve certaine ordonnant de garder le silence, pour la personne soumise à l'imam pendant la salat en commun. Malgré cela, je n'ai pas récité la Fatiha derrière l'imam en respectant l'ordre de mon madhab (école juridique). Car, je savais que, ne pas appliquer le jugement de son école parce que sa preuve est faible, est ilhad (le blasphème). Pour ne pas devenir une personne qui ne suit pas un madhab, je n'ai pas récité la sourate Fatiha derière l'imam en suivant l'ordre de l'école Hanéfite. Enfin, Allahu teala, m'a déclaré, grâce à mon respect envers mon école, la sagesse d'abandonner de réciter la Fatiha derrière l'imam. L'imam récite comme si par la bouche des personnes qui lui sont soumises. Ce fait ressemble à ceci: Un peuple d'un village, pour une affaire publique, ne va pas tous en même temps au préfet. Ils élisent une délégation composée de deux ou trois personnes. Il ne sera pas non plus convenable que toute cette délégation raconte le problème tous en même temps. Ils choisissent entre eux un représentant. Le réprésentant exprime seul le besoin de tout le monde. La personne que ces gens ont élue comme "représentant" parle pour eux, à leur place. Le fait que cette personne, élue par les autres, exprime le besoin de tout le monde à leur nom, et que ces personnes soient considérées comme "ayant parlé" puisque leur représentant a exprimé leur besoin, est mieux que tout le monde parle séparément. Le cas de l'imam et des personnes soumises à ce dernier (djémaat) est pareil. (Mébdé vé Méad f.28)
Dix personnes entendant qu'Imam Azam dit qu'en pratiquant la salat en commun, les personnes soumises à l'imam ne récitent pas la Fatiha et une sourate après celle-ci, sont venus près de lui et ont dit:
- Nous avons entendu que tu déclares que la récitation de l'imam, pendant la salat en commun, est suffisante et que les autres ne doivent pas réciter le Coran. Or, il ne peut pas être une salat sans fatiha. Nous avons en main des preuves certaines qui prouvent cela. Nous sommes venus ici pour discuter dans le but de faire connaitre la vérité à tout le monde.
Imam Azam a dit: - Je suis une seule personne alors que vous êtes dix, comment voulez-vous que je discute avec vous tous en même temps? - Comment voulez-vous discuter?
- Choissez la personne la plus savante entre vous, que je discute avec elle. Elle, qu'elle parle au nom de vous tous. - Votre proposition est convenable.
- Si elle, elle a le dessus, vous tous aurez gagné le débat. Mais si je la vaincs, vous tous aurez perdu. Êtes-vous d'accord? - Oui, nous sommes d'accord.
- J'ai gagné le débat. - Comment se fait-il, nous n'avons même pas commencé.
- Vous, n'avez-vous pas accepté que le savant que vous avez élu parle au nom de vous tous? - Oui...
- Moi aussi, j'accepte ce que vous acceptez, je dis la même chose. L'imam à qui tout le monde est soumis (pour la salat), récite le Coran en son nom et au nom de ceux qui l'acceptent comme imam, c'est-à-dire ceux qui lui sont soumis, ils ne récitent pas le Coran. Reste-t-il encore un point que vous ne comprenez pas?
Ces dix personnes ont été obligées d'accepter la vérité.
Imam Rabbani a déclaré: "Il n'est pas permis pour nous de faire les adorations selon les hadiths parce que les jugements de notre madhab (école juridique) semblent contraire aux hadiths. Les hadiths qui semblent contraires au jugement de notre école, ne peuvent pas être une preuve pour la réfutation des paroles (jugements) des savants. Réciter la Fatiha derrière l'imam pour une personne suivant l'école Hanéfite sera quitter son école, ce sera ilhad (se dévier de la bonne voie)." (Méktubat, tome I, lettre n°312, Mebde ve Mead 31)
[Ilhad: Entraîner le blasphème en extayant des jugements faux du Coran et des hadiths d'après ses opinions, donner des sens faux, incorrects aux jugements du Coran et des hadiths selon son avis. Si quelqu'un n'agrée pas et n'accepte pas le jugement de son école (madhab) parce qu'il considère que ce jugement ne convient pas à sa raison, parce qu'il dédaigne l'imam (fondateur) de son école, cela aussi sera ilhad c'est-à-dire le blasphème.]
Celui qui ne suit pas une des quatre école n'est plus Ahl-i Sunna, il devient ou dévié ou mécréant. (Tahtavi, apostille de Durr-ul Muhtar)
Il est écrit ce qui suit dans le livre intitulé Kifayé: "L'homme de religion n'étant pas mujtahid ne peut pratiquer les adorations d'après ce qu'il comprend des hadiths. Il faut qu'il réalise ses adorations et ses actes selon les sentences juridiques (fatwa) que les mujtahid ont comprises et exraites du Coran et des hadiths." Il est aussi écrit comme cela dans le livre intitulé Takrir.
Récite-t-on la sourate Fatiha, durant la salat (namaz, prière rituelle), derrière l'imam? La signification de trois hadiths à ce sujet est: (La salat sans Fatiha est manquante.) [Tirmizi]
(Dans la salat, lorsque l'imam récite, vous non plus ne récitez pas, récitez à voix basse la Fatiha.) [Beyheki]
(Il ne peut pas être de salat sans Fatiha.) [Bukhari, Muslim]
Les savants de l'école Chafiite, ont déclaré, en s'appuyant sur ces hadiths et sur d'autres preuves, qu'il est obligatoire de réciter la Fatiha derrière l'imam.
Et selon l'école Mailikite, il est appréciable (mustéhab), pour les personnes soumises à l'imam (djémaat), de réciter la Fatiha lorsque l'imam la récite à voix basse. Si ce dernier récite la Fatiha à voix haute, les autres ne la récitent pas. Réciter la Fatiha dans la salat est fard (obligatoire) selon l'école Malikite et vadjib (nécessaire) selon l'école Hanéfite. Regardons les hadiths: (Quand vous accomplissez la salat en compagnie de l'imam, taisez-vous, la récitation de l'imam est la récitation du groupe.) [Hatib]
(Celui qui pratique une rak'a [rituel] sans réciter la Fatiha, excepté s'il est soumis à l'imam, n'aura jamais pratiqué la salat.) [Tirmizi]
(Qu'est-ce que cela, une course pour la récitation du Coran, quelqu'un récitait, dans la salat, en même temps que moi.) [Tirmizi]
Les savants de l'école Hanéfite ont déclaré, en s'appuyant sur ces hadiths et sur d'autres preuves, qu'il est interdit (makrouh) de réciter la Fatiha pour les personnes soumises à l'imam pour la salat en commun.
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