Question : Je vis dans un pays non musulman, un pays qui ne se gouverne pas avec l’Islam. Est-il permis ici de travailler à la restauration de l’église, de vendre du raisin au viticulteur. Ou puis-je transporter du raisin au viticulteur du vin ? J’ai demandé cela à quelques hodjas (hommes de religion), ils ont dit c’est strictement interdit de faire toutes ces affaires ?
REPONSEDans le livre intitulé
Durr-ul Muhtar, on dit :
Il est permis de vendre le moût à celui qu’on sait qu’il fabrique du vin. Car le péché n’est pas dans le moût même. [On peut aussi faire sapa (moût cuit) ou vinaigre du moût.] Il sera un péché de vendre et d’acheter le moût après qu’il s’est transformé en vin.
Imam Ghazali, grand savant islamique (m. 1111) déclare :
Il est permis de vendre du raisin au musulman qui fabrique du vin.
(Kimya-i Saadet [Alchimie du bonheur]
)
Ibni Abidin dit en expliquant les révoltés, les rebelles :
Il est interdit de vendre des armes à ceux qui causent la tentation, qui provoquent la discorde, aux révoltés, rebelles. Mais vendre des articles servant à fabriquer d’armes, par exemple du fer, n’est pas interdit. C'est-à-dire vendre la chose qui s’utilise elle-même pour commettre le péché, ce serait interdit (tahrimi makrouh). Il serait déconseillé (tenzihi makrouh) de vendre les articles qui servent à fabriquer, à préparer cette chose. Il est aussi interdit de vendre les instruments de musique mais il est déconseillé de vendre le bois propre pour faire des instruments de musique. [Vendre les instruments de musique qui ne s’utilisent que pour le mehter marchi (marche impériale de l’empire Ottoman) est toujours permis.] Il est aussi déconseillé de vendre la captive (la femme servante, la femme esclave,) et le coq combattant aux pécheurs. Car on vend la femme servante pour qu’elle serve, non pas pour qu’elle chante. Il est déconseillé de vendre du raisin à celui qui fabrique du vin. Car [ceux-ci] ne s’utilisent pas eux-mêmes pour commettre le péché. Ils s’utilisent pour la préparation de la chose interdite. Ceux qui ne savent pas vendre ceux-là aux lieux halal [licite, permis, c'est-à-dire aux gens qui ne commettent pas de péchés avec ces choses], peuvent les vendre aux endroits, [aux personnes] déconseillés. Cela sera permis.
(Redd-ul Muhtar)Si cela est permis aux pays islamiques, il est certainement permis aux pays non musulmans de faire ces actions. Il y est permis aussi de transporter du raisin au viticulteur, de l’orge à la brasserie.
Travailler à la restauration de l’église n’est pas interdit, ni déconseillé. Car, le travail même de cette affaire n’est pas un péché.
(Bezzaziyyé)Ibni Abidin déclare encore :
Il est permis de transporter le vin de l’incrédule, de travailler à la restauration de l’église, et de vendre des signes d’incrédulité, du blasphème comme la ceinture des prêtres aux chrétiens selon Imam Azam [le fondateur de l’école Hanéfite].
(Redd-ul Muhtar, v.5/p. 251
)
C’est une grande responsabilité de parler aux sujets de religion sans savoir et de rendre la sentence juridique. Dans les hadiths, il est dit :
(Celui qui est le plus audacieux de vous à donner la sentence juridique, consultation religieuse [fatwa]
est celui qui est le plus audacieux [à entrer]
au feu.) [Darimi]
(Les anges se trouvant aux cieux et sur la terre maudissent la personne qui donne la sentence religieuse sans savoir [les connaissances islamiques pour pouvoir donner la sentence]
.) [Ýbni Lâl, Ýbni Asakir]
Question : Comme dans un hadith, il est dit :
(Allah a maudit celui qui boit du vin, celui qui le fait boire, celui qui le prend et qui le vend, celui qui le fabrique, celui qui le transporte et celui qui utilise son argent [l’argent gagné de la vente du vin]
), est-il permis de vendre du raisin au viticulteur, de l’orge à la brasserie et de l’anis à la fabrique du raki ?
REPONSEComme la boisson alcoolisée est haram [strictement interdite] elle-même, il n’est pas permis de la prendre, de la garder et de la transporter. Il est permis de vendre ou de transporter du raisin, de l’orge et de l’anis à la fabrique de boisson alcoolisée. Car ces produits ne sont pas interdits (haram) en tant que tels.